#3 - PLAY-list

1 - Les Portes de la perception d’Aldous Huxley (1954)

Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie 

William Blake, Le Mariage du ciel et de l’Enfer (1793)

Aldous Huxley, l’auteur du chef-d’oeuvre d’anticipation dystopique Le Meilleur des Mondes (1932), a soixante ans quand il se lance dans l’expérience de sa vie. Les Portes de la perception est un recueil d’essais philosophiques et spirituels d’un genre un peu particulier puisqu’il est écrit sous l’emprise de mescaline et sous la supervision d'un psychiatre. Résultat, une oeuvre à la croisée de la recherche scientifique et du voyage initiatique. Dans une vingtaine de textes habités, Aldoux Huxley décortique les effets de la drogue sur ses capacités de réflexion et d’introspection, sur sa perception visuelle et sur son rapport au mystique. Mais les plus beaux passages restent les rêveries sur la création artistique, le pouvoir des mots et de la littérature. Un texte emblématique qui deviendra un des livres saints du mouvement hippie et qui inspira Jim Morrison pour choisir le nom de son groupe, The Doors.

2 - Las Vegas Parano de Terry Giliam

Nous avions deux sacoches d’herbe, soixante-quinze pastilles de mescaline, cinq feuilles d’acide-buvard carabiné, une demi-salière de cocaïne, et une galaxie complète et multicolore de remontants, tranquillisants, hurlants, désopilants… sans oublier un litre de tequila, un litre de rhum, un carton de Budweiser, un demi-litre d’éther pur et deux douzaines d’ampoules de nitrite d’amyle.

Non, Las Vegas Parano n’est pas qu’un rite initiatique pour ados pressés de découvrir les joies de la défonce. C’est d’abord un chef-d’oeuvre du journalisme Gonzo écrit par le Roi des écrivains détraqués Hunter S. Thompson. Chargé de couvrir les 400 miles de Las Vegas, une course de motos légendaire, le journaliste profite de son séjour dans la ville du vice pour repousser les limites de son expérimentation de la drogue. Une descente aux enfers pitoyable et magnifique qui, en 1971, sonne le glas du rêve hippie. Quelques années plus tard, Terry Giliam mettra en image cette autodestruction magistrale avec un Johnny Depp et un Benicio Del Toro possédés.

3 - Acid Test de Tom Wolfe

En 1968, Tom Wolfe n’est pas encore l’auteur mondialement célèbre du Bûcher des vanités (1987) mais il s’est déjà fait un nom en tant que reporter pour des magazines emblématiques comme Rolling Stone ou Esquire. En compagnie de Ken Kesey, l’auteur de Vol au-dessus d'un nid de coucou et de Neal Cassady, poète maudit de la Beat Generation et héros du Sur la route de Jack Kerouac, il intègre les Merry Pranksters, un groupe de marginaux californiens, adeptes du psychédélisme et embarque à bord de leur bus magique pour sillonner les Etats-Unis. Entre les Acid tests, les concerts des Grateful Dead et les dérives prophétiques de Ken Kesey, Tom Wolfe raconte, avec ce style inimitable à mi-chemin entre le journalisme et le roman, la furieuse épopée de ces pionniers de l’aventure intérieure.

4 - White Rabbit de Jefferson Airplane

One pill makes you larger, and one pill makes you small, and the ones that mother gives you, Don't do anything at all, go ask Alice when she's ten feet tall

Titre culte du groupe rock psychédélique Jefferson Airplane, paru en février 1967 sur leur album Surrealistic Pillow, White Rabbit est la première chanson ouvertement dédiée à la drogue et à ses effets hallucinogènes qui n’est pas censurée à la radio américaine. Elle deviendra l’hymne d’une génération désireuse d’explorer d’autres rivages de la conscience.

5 - Les Paradis artificiels de Charles Baudelaire

Le bon sens nous dit que les choses de la terre n'existent que bien peu, et que la vraie réalité n'est que dans les rêves

En 1844, Charles Baudelaire intègre le Club des Hashischins de son ami Théophile Gautier, un groupe d’intellectuel voué à l’expérience et à l’étude des drogues et plus particulièrement du haschich et de l’opium. Quelques années plus tard, il publie ce long poème en prose qui explore les rapports entre consommation de drogue et création artistique. Une autopsie fabuleuse de l’âme torturé du poète maudit. Une oeuvre pionnière et un titre qui restera dans les annales pour décrire l’expérience psychédélique.

6 - How to change your mind d’Alex Gibney et Michael Pollan

A partir des travaux de Michael Pollan, professeur à l’Université de Berkley, journaliste pour le New-York Times et auteur à succès, Netflix a imaginé une passionnante série documentaire qui retrace l’histoire et l’utilisation de psychédéliques comme le LSD, la psilocybine, la MDMA ou encore la Mescaline. En plus de révéler les secrets de ces drogues magiques, How to change your mind offre un état des lieux passionnants des recherches scientifiques menées pour utiliser ces produits psychoactifs à des fins thérapeutiques.

7 - Voir la lumière de T.C Boyle

Où est-il passé, le chatoiement visionnaire ? Où sont-ils, la splendeur et le rêve ? 

William Wordsworth

T.C Boyle, le plus rock des écrivains américains nous embarque pour une traversée des années 60 hallucinante et hallucinée sur les traces de Timothy Leary. Pris en étau entre les utopies mystiques de la Beat Generation et les excès du « flower power » hippie, le gourou du LSD et ses adeptes sont les prisonniers tragiques de leurs illusions. En racontant leur histoire avec une poésie punk et un humour sarcastique jubilatoire, TC Boyle confirme qu’il est le grand peintre des idéaux brisés de l’Amérique.

8 - Enter the void de Gaspard Noé

Sept ans après le scandale Irréversible, Gaspar Noé est de retour à Cannes et choque les festivaliers avec une nouvelle provocation esthétique grandiose. Un délire psyché filmé dans un Tokyo multicolore qui contraste avec la noirceur de la vie de ses deux personnages. Inspiré du Bardo Thödol, Le Livre tibétain des morts et par les oeuvres de Philip K. Dick, Enter the Void est un conte philosophique destroy qui pose la question de l’au-delà et des moyens d’arriver à bon port quand on navigue entre la vie et la mort.

9 - Connaissance par les gouffres d’Henri Michaux (1961)

Immédiate, complète, une baleine.

Jaillissements. Les jaillissements l’ont provoquée

Partout jaillissement

Carrefours de Jaillissements

Geysérisation

Quelques années après Aldous Huxley, l’écrivain belge Henri Michaux, explorateur des frontières du réel, mène une expérience similaire avec un résultat littéraire bien différent. Connaissance par les gouffres fait suite à Misérable miracle (1955), L'Infini turbulent (1957), Paix dans les brisements (1959) et conclut l’aventure psychédélique et littéraire de l’auteur. Carnet de voyage poétique, peinture vertigineuse du vide et de l’infini, le recueil offre des verts sublimes et étranges.

10 - Dots Obsession de Yakoi Kusama

Yayoi Kusama est sans doute la plus illustre représentante du mouvement psychédélique contemporain. Artiste renommée, performeuse et plasticienne, elle est atteinte d’un trouble obsessionnel pour les pois et vit depuis plus de quarante ans en hôpital psychiatrique. Des phallus géants, des ballons, des haricots magiques et des diodes lumineuses peuplent ses installations hallucinantes qui fracturent notre perception du réel. Et tout ça sans prendre de drogues !

Bonus : Toutes les oeuvres de Walt Disney

Les rumeurs sur la prise régulière de Mescaline et de Peyotle par le créateur visionnaire pour stimuler son imaginaire n’ont jamais été confirmées mais certaines scènes sont quand même très parlantes.

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