Cette semaine, focus sur les nouveaux visages de la rentrée littéraire avec chaque jour, le portrait critique d'un jeune romancier qui va faire parler de lui.
Le coup de bambou. Le coup de vieux surtout quand on découvre la date de naissance d’Eliot Ruffel sur le site de son éditeur. Né en 2000. 24 ans et déjà un premier roman comme un uppercut dans cette rentrée littéraire. Dans un texte court, fulgurant, le natif de Saint-Etienne, tout juste diplômé du prestigieux master de création littéraire du Havre, tord le cou avec talent au récit d’apprentissage, poncif des poncifs romanesques. C’est avec des images plein la tête qu’on ressort d’Après ça, texte unique en son genre. Car pour raconter le passage à l’âge adulte de deux adolescents désœuvrés, Eliot Ruffel, également photographe et vidéaste, fait le pari des regards et des instantanés plutôt que celui des grandes aventures picaresques.
Max et Lou, deux jeunes garçons de 17 ans, boivent des bières en contemplant la mer, transforment le spleen en jeu, arpentent une ville portuaire de Normandie sous une chaleur de plomb, à la recherche d’une façon d’être au monde et d’être entre eux. À la manière d’un David Lopez - lisez ses deux romans, Fief et Vivance - Le jeune romancier fait de l’ennui un incroyable terreau littéraire. Dans un silence assourdissant, les images défilent, les plans s’enchaînent et le lecteur est happé contemple le désarroi doux-amer d’une génération désenchantée. Le premier romancier de la Gen Z est né.
Bonne lecture !
Léonard Desbrières
Journaliste littéraire et critique pour Le Parisien, LiRE Magazine Littéraire, Konbini ou GQ, passé par La Grande Librairie, je m'intéresse à l'émergence des nouvelles voix romanesques qui incarneront la littérature de demain.